vendredi 16 mars 2018

J'aurais préféré avoir le temps de m'ennuyer

Chaque fois qu'il m'arrive un truc étrange ou hors norme, ma meilleure amie me dit : Tu n'as jamais le temps de t'ennuyer, toi, hein !? Et il m'en arrive vraiment souvent des affaires bizarres, vous pouvez lui demander... C'est à croire que j'ai un don pour ça.

Si la plupart du temps j'ai un sourire en coin à la remarque de ma chum, ce n'est pas toujours le cas. Parfois, je rêve d'une vie paisible, où la routine est reine. Parfois. Surtout quand, comme hier, le hors norme prend des proportions inquiétantes.

Deux p'tits bouts de phrases sur Messenger. De la part de S., ma fille.
-Je suis à la pharmacie.
-Faut que j'aille à l'hôpital.

Plus intriguée que vraiment inquiète, je l'appelle. C'est d'une voix peu assurée qu'elle me répond que ça ne va vraiment pas. Puis il y a une pause. Je l'interpelle doucement. Voix  saccadée pour me dire que la pharmacienne vient d'appeler une ambulance. Là, l'inquiétude a pris le dessus sur la curiosité. D'autant plus que je suis à près de deux heures de route de ma fille. Deux heures s'il n'y a pas de trafic. Je demande ce qui ne va pas. Silence encore. Puis bégaiements. Je n'y comprends rien. Finalement, une voix étrangère à l'autre bout du fil.
-Madame, c'est la pharmacienne. Votre fille ne sent plus son côté gauche et cherche ses mots. Faut que je vous laisse, je suis en ligne avec le 911.
Et la dame de raccrocher.

Ben oui. Quoi de plus rassurant pour une mère. Surtout quand on a compris qu'il y a peu de chance que sa fille soit en état de répondre à son cellulaire dans les prochaines minutes, voire heures. Et qu'on n'a aucune idée de l'hôpital où elle sera parce qu'on connaît pas trop trop le coin, même après deux ans à la visiter. Je n'ai pas mangé mes bas ensuite, probablement parce que j'ai quand même un peu pas mal l'habitude des situations médicales incroyables avec fiston (15 ans de pratique, ça laisse des marques) et que je sais, par expérience, que la panique ne m'aidera pas du tout dans les circonstances. Mais je ne peux pas dire que j'étais très zen non plus. Les symptômes décrits s'apparentaient un peu trop à ceux d'un AVC...

Mon rêve à ce moment là ? Un portoloin, comme dans Harry Potter. Ou un don de téléportation, comme possédait Naïla, l'héroïne de Filles de Lune. N'importe quoi pour passer de chez moi à Laval en moins de dix minutes. Je n'ai pas été exaucé. 

J'ai donc appelé mon chum, qui travaillait au stade olympique hier. J'ai pensé que c'était une heureuse coïncidence. Il pourrait rejoindre notre fille si j'arrivais à savoir dans quel hôpital on l'amenait. Manque de chance, il était sur le chemin du retour quand il m'a répondu, à vingt minutes de la maison. OK. J'ai tenté de rejoindre le meilleur ami de S., qui étudie au même Cégep. Il pourrait aller lui tenir compagnie. Répondeur. Il avait un cours en pm. Bon. Me restait la patience. Ce dont je ne déborde pas, c'est de notoriété publique.

J'ai envoyé un texto sur le cellulaire de ma fille, demandant qu'on appelle ses parents si elle-même ne pouvait répondre. Que je sache au moins où me renseigner éventuellement. C'est S. qui m'a finalement appelé, une demi-heure plus tard. Elle était à l'urgence de l'hôpital Sacré-Coeur. Elle allait mieux. L'engourdissement avait quasi disparu, elle pouvait à nouveau soulever un poids avec son bras, voyait moins flou et les épisodes de palpitations cardiaques se faisaient plus rares. Une batterie de tests étaient prévus parce que les médecins soupçonnaient une crise cardiaque ou un AVC. Ma fille devait y aller maintenant et rappellerait quand elle en saurait plus. J'ai échappé un soupir de soulagement en dépit de l'incertitude. (Au moins, j'avais des nouvelles.) Et exercé ma patience jusqu'en début de soirée.

S. est rentrée chez elle vers 18h30, après des tests en neurologie, en cardio, un scan et une IRM, entre autres. Considérant les symptômes décrits par ma fille et le bagage médical de son frère, les spécialistes ont préféré faire davantage d'examens que pas assez. Verdict ? Aucune trace de tumeurs ou de caillots.  Ils ont conclus à une migraine avec aura, même si ma fille n'avait pas mal à la tête, mais plutôt une douleur lancinante autour de l'œil gauche. Le neuro est convaincu que la pilule contraceptive en est la cause. Il est aussi mentionné tachycardie sur les papiers remis pour le médecin de famille. À suivre dans les prochaines semaines.

 En terminant, je tiens à souligner la gentillesse d'un couple d'amis extraordinaires, qui sont passé prendre des nouvelles de ma fille chez elle, après leur journée de travail, histoire de rassurer un peu plus la maman. Et qui ont ensuite traversé Montréal pour conduire S. chez son chum. Merci de faire partie de ma vie.

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